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DANS LES MÉDIAS
| | Jactiv Ouest-France - 06/12/2014Socio-esthéticienne, Sophie choie les patients dyalisés Depuis un an, Sophie Guillemin prodigue ses soins aux patients insuffisants rénaux de l'hôpital Jacques-Monod, à Flers. La seule à exercer dans ce service en Basse-Normandie. Socio-esthéticienne, Sophie choie les patients dyalisésDepuis un an, Sophie Guillemin prodigue ses soins aux patients insuffisants rénaux de l'hôpital Jacques-Monod, à Flers. La seule à exercer dans ce service en Basse-Normandie. Socio-esthéticienne, Sophie choie les patients dyalisés.
Sophie Guillemin prodigue ses soins à Philippe Errard pendant sa dialyse. © Ouest-France
Depuis un an, Sophie Guillemin prodigue ses soins aux patients insuffisants rénaux de l'hôpital Jacques-Monod, à Flers. La seule à exercer dans ce service en Basse-Normandie.
« À chaque fois que je la vois arriver, c'est un peu comme un rayon de soleil ». Pour Michel Prod'homme, insuffisant rénal, les soins de Sophie Guillemin l'aide à mieux supporter ses séances de dialyse. « J'ai le droit à des massages du pied et de la main tout en discutant de tout et de rien. Cela me rendait plus léger dans le corps et dans la tête », poursuit-il.
Cela fait un an maintenant que la socio-esthéticienne parcourt les chambres des patients hémodyalisés de l'hôpital Jacques-Monod, à Flers, pour prodiguer ses soins esthétiques. Modelages des pieds à la tête, soins du visage ou encore manucure, la socio-esthétécienne s'adapte à leurs envies. La jeune femme de 31 ans y passe « deux à trois heures par semaine » car elle doit aussi jongler avec le service d'oncologie dans lequel elle a débuté son activité, en mai 2011.
« En tout, je m'occupe de près 150 à 200 patients dans l'établissement, précise Sophie Guillemin. Et j'essaye de voir les patients au moins une fois par mois. » Les séances durent « en moyenne entre 30 et 45 minutes. » Un temps court mais efficace pour oublier le temps de quelques minutes l'ambiance parfois froide de l'hôpital.
« Retrouver une belle estime de soi »
« Cela me détend et surtout ça aide à passer le temps », confie Philippe Errard sur son lit. Car une dialyse, opération qui permet de filtrer le sang des patients dont les reins ne fonctionnent plus correctement, dure en moyenne six heures. Le plus dur pour les dialysés, c'est de tuer le temps. « C'est simple, soit on dort, soit on discute », lâche Jean Hémery qui effectue trois dialyses par semaine. Et pour moi qui étais sujet aux crampes, les modelages de Sophie m'ont vraiment soulagé. »
Pour la socio-esthéticienne, voir les malades « retrouver une belle estime de soi malgré la maladie », est la plus belle des récompenses. C'est ce qui l'a motivé à travailler dans le domaine médical alors qu'elle tenait un poste d'esthéticienne en parfumerie. « J'ai vu des clientes atteintes de cancer qui perdait leurs cils, leurs cheveux et qui avait une peau dégradée. J'étais parfois démunie mais je me disais qu'il était possible de les aider à garder une belle expression du visage. »Sophie Guillemin entame alors une formation de huit mois au Codes, école pionnière dans la socio-esthétique, basée à Tours.
20 000 € par an
Xavier Viollet, trésorier de Pallia, association de soins palliatifs à domicile a eu un déclic lorsque la jeune femme est passée en stage dans la structure. « Grâce à ses soins, une patiente a de nouveau osé se regarder dans la glace. » Il la recommande alors à l'hôpital Jacques-Monod qui s'attache, à mi-temps, les services de la socio-esthéticienne dans la cellule cancérologie. L'idée fait son chemin jusque dans le service de dialyse qui souhaite expérimenter la pratique.
Pallia, qui emploie la socio-esthéticienne, obtient les fonds nécessaires (environ 20 000 € par an) pour l'embaucher à plein-temps. Grâce au soutien financier de la Ligue contre le cancer, l'Agence régionale de santé et de la Fnair de l'Orne (Fédération nationale d'aides aux insuffisants rénaux), les « douces mains » de Sophie Guillemin continueront à apporter du bien être aux patients dialysés en 2015.
Maxime HUTEAU.
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| | Infos - 26/11/2014La beauté solidaire, un autre moyen de lutter contre le cancer A l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre le cancer, célébrée le 22 novembre, l’Oréal Maroc a organisé une conférence de presse autour de la socio-esthétique. Un programme solidaire dédié aux femmes atteintes du cancer. Le La beauté solidaire, un autre moyen de lutter contre le cancerA l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre le cancer, célébrée le 22 novembre, l’Oréal Maroc a organisé une conférence de presse autour de la socio-esthétique. Un programme solidaire dédié aux femmes atteintes du cancer. Le succès est tel que les patientes paraissent transformées après un bref passage entre les mains des socio-esthéticiennes. Mais en quoi consiste exactement la socio-esthétique ? La beauté solidaire, un autre moyen de lutter contre le cancer
Publié le 26 novembre 2014 à 11 h 29 min
Lancée il y a de cela plusieurs années dans d’autres pays, la beauté-solidaire, qui consiste à apporter des soins esthétiques à des personnes fragilisées suite à une atteinte à leur intégrité physique, psychique, ou en détresse sociale, arrive au Maroc. Grâce à l’action de plusieurs institutions, mais aussi des personnes qui croient en ce projet, la socio-esthétique apporte de la lumière dans le quotidien de nombreux malades et de leur famille. Il s’agit de l’Oréal Maroc, à travers sa marque La Roche-Posay, leader en dermo-cosmétique, de la « Fondation Lalla Salma – Prévention et traitement des cancers », des équipes médicales engagées et enfin des socio-esthéticiennes.
La socio-esthétique figure parmi les programmes de soutien menée par la Fondation L’Oréal au profit des personnes fragilisées. Pour rappel, le Groupe L’Oréal est engagé depuis de nombreuses années dans des programmes de mécénat. La création d’une fondation en 2007 avait pour ambition de pérenniser et de coordonner ses actions. De manière globale, les missions de la Fondation L’Oréal s’articulent autour de deux grandes causes que sont la promotion de la science et l’aide aux plus fragiles. L’Oréal Maroc assure le prolongement des missions de la Fondation L’Oréal. D’où le lancement du programme de la socio-esthétique, avec le concours de l’association Lalla Salma, il y a plus d’un an. Le Maroc est ainsi le 3ème pays au monde, après la France et le Japon, à avoir mis en place un projet de socio-esthétique professionnel et encadré.
Pour l’estime de soi
Avec sa marque La Roche-Posay, leader en dermo-cosmétique, l’Oréal Maroc offre aux femmes atteintes de cancer des moments de beauté, de détente et de bien-être. L’objectif étant de leur permettre d’oublier le lapse d’un moment la maladie, de se reconnecter à leur corps et de renouer avec leur féminité. Un massage, une manucure, une pédicure, une mise en beauté… les socio-esthéticiennes, qui sont de véritables professionnelles, mais qui ont en plus cette fibre sociale, se donnent au maximum pour offrir aux patientes un moment de bonheur. La maladie et les traitements souvent agressifs utilisés en cancérologie fragilisent le corps et l’esprit, avec des conséquences cutanées associées à une dégradation de l’état général. Elles entraînent une diminution de la qualité de vie, accompagnée souvent d’une dépréciation de l’image et de l’estime de soi. Or ce programme permet justement aux patientes de sortir de cet état de fragilité, de regagner confiance en elles, et de rebondir face à la maladie. L’objectif, in fine, étant de retrouver l’estime de soi et la dignité nécessaire à toute vie sociale.
Souvent, les cancérologues n’ont pas le temps de s’attarder sur le volet psychologique des patients, alors que les socio-esthéticiennes, tout en effectuant les soins, arrivent à échanger avec les bénéficiaires, des paroles, voire des confidences. «Après une brève réticence au début, les patientes se livrent à nous de manière très spontanée», raconte une socio-esthéticienne, qui tient à souligner que les patientes qu’elle voit ont été transformées depuis la première fois où les a rencontrées. Proposé à titre gracieux, dans trois centres de soins de l’association Lalla Salma à Casablanca et Rabat, cette prise en charge permet d’apporter aux patientes une écoute non médicalisée complémentaire à celle de l’équipe soignante, autorisant les patientes à sortir du contexte de la maladie et du traitement.
Bien-être garanti
En plus des soins spécifiques, compte tenu de la fragilité de la peau et des effets de la médication, les socio-esthéticiennes offrent également aux patients des conseils personnalisés. Ces conseils favorisent la resocialisation : choix des cosmétiques adaptés ou correcteurs, apprentissage de techniques esthétiques pour les cils, sourcils, cicatrices… Pour ce faire, les esthéticiennes ont reçu une formation de socio-esthétique en cancérologie, une nouvelle discipline au Maroc.
Dans cette optique, L’Oréal Maroc a choisi de s’associer au CODES, (COurs d’ESthétique à option humanitaire et sociale) pour assurer la formation des esthéticiennes expérimentées marocaines à Tours en France, et à l’Ecole Dubois, Ecole Internationale d’Esthéticiennes Cosméticiennes basée à Casablanca. Les ateliers de socio-esthétique en cancérologie se déroulent deux fois par semaine dans des locaux de L’INO de Rabat (Institut National d’Oncologie), du Centre Mohammed VI au sein du CHU Ibn Rochd de Casablanca et à la Maison de Vie de Casablanca, entièrement équipés par L’Oréal Maroc. Depuis un an maintenant, L’Oréal Maroc et la Fondation Lalla Salma ont pu compter sur l’appui des équipes médicales et paramédicales de ces trois établissements pour le bon déroulement des ateliers.
Ce sont en moyenne 50 patientes qui sont accueillies chaque semaine sur ces trois sites.
Espérons qu’à terme, les acteurs de cette belle initiative arriveront à la généraliser dans d’autres villes du Royaume. Un effort dont les effets positifs sont indéniables. Les témoignages des équipes médicales au même titre que ceux des patientes sur les bienfaits de la socio-esthétique en attestant.
Leila Ouazry
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| | L'économiste - 19/11/2014Stratégie - RSE : L'Oréal soutient avec succès les femmes atteintes de cancer Son programme de socio-esthétique a bénéficié à des centaines de patientes. Un moyen de les réinsérer dans la société.
L’Oréal Maroc et la Fondation Lalla Salma continuent à soutenir les femmes cancéreuses. Les deux organismes poursuivent Stratégie - RSE : L'Oréal soutient avec succès les femmes atteintes de cancerSon programme de socio-esthétique a bénéficié à des centaines de patientes. Un moyen de les réinsérer dans la société.
L’Oréal Maroc et la Fondation Lalla Salma continuent à soutenir les femmes cancéreuses. Les deux organismes poursuivent en effet depuis près d’un an un programme de socio-esthétique destiné à ces femmes et qui a porté ses fruits.
STRATÉGIE
RSE: L’ORÉAL SOUTIENT AVEC SUCCÈS LES FEMMES ATTEINTES DE CANCER
SON PROGRAMME DE SOCIO-ESTHÉTIQUE A BÉNÉFICIÉ À DES CENTAINES DE PATIENTES
UN MOYEN DE LES RÉINSÉRER DANS LA SOCIÉTÉ
L’Oréal Maroc et la Fondation Lalla Salma continuent à soutenir les femmes cancéreuses. Les deux organismes poursuivent en effet depuis près d’un an un programme de socio-esthétique destiné à ces femmes et qui a porté ses fruits. Une démarche de responsabilité sociale ambitieuse qui a permis à des centaines de patientes de reprendre confiance en elles, de retrouver leur apparence et par la même occasion une véritable vie sociale. La socio-esthétique consiste plus exactement en la pratique professionnelle de soins esthétiques tels que les soins du visage, les massages, les manucures ou encore le maquillage auprès de personnes fragilisées ou souffrantes suite à une atteinte à leur intégrité physique, psychique ou à une situation de détresse sociale. Des soins le plus souvent adaptés aux patientes et qui prennent en considération leur pathologie ainsi que l’altération physique et psychologique. Un programme qui a été présenté il y a quelques jours au siège de L’Oréal Maroc à Casablanca et qui a connu un important succès. Les ateliers de socio-esthétiques en cancérologie ont accueilli en effet depuis leur lancement des centaines voire des milliers de patientes sur l’ensemble des sites. «Il y a eu des bénéfices positifs au niveau des femmes cancéreuses, au point que l’on a reçu beaucoup de demandes», confie ainsi Loubna Aziz, directeur de la communication de L’Oréal Maroc. Les séances ont lieu deux fois par semaine dans des locaux de l’Institut National d’Oncologie (INO) de Rabat, du Centre Mohammed VI au niveau du CHU Ibn Rochd de Casablanca et à la Maison de Vie de Casablanca équipée par L’Oréal Maroc. Le projet a été appuyé dès le départ par des professeurs de renom et par des équipes médicales des trois établissements. Le programme devrait s’étendre à d’autres villes, dont notamment Fès et Marrakech, au niveau desquelles la Fondation Lalla Salma dispose de structures d’accueils, souligne la directrice. Une initiative qui vise avant tout à améliorer le quotidien et la vie des personnes fragilisées. Le programme a pour but d’aider les femmes porteuses de cancer à reprendre confiance en elles, à se reconstruire et à avoir à nouveau une réelle vie sociale. Pour cela, L’Oréal met à leur disposition des équipes pluridisciplinaires constituées d’équipes soignantes et de socio-esthéticiennes.
Ces dernières jouent un rôle capital au niveau de ces séances. Elles maintiennent tout d’abord le lien entre la patiente et le monde extérieur via une écoute active non médicalisée. Enfin, elles prodiguent des conseils aux patientes liés aux effets secondaires des traitements tels que le choix de cosmétiques adaptés ou l’apprentissage de techniques esthétiques destinées aux cils ou aux sourcils. Les socio-esthéticiennes expérimentées du programme ont été formées au sein de deux organismes : le cours d’esthétique à option humanitaire et social (CODES) situé à Tours en France et l’Ecole Dubois, Ecole internationale d’esthéticiennes cosméticiennes basée à Casablanca.
Karim AGOUMI
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| | Version Femina - Novembre 2014Magali Bourgy, socio-esthéticienne Ce n’est pas parce qu’on est malade qu’il ne faut pas prendre soin de soi.
Socio-esthéticienne, elle n'est pas médecin mais elle soigne.
«Pour une fois qu’on me prend par la main pour autre chose que des piqûres C’est agréable ! Ça Magali Bourgy, socio-esthéticienneCe n’est pas parce qu’on est malade qu’il ne faut pas prendre soin de soi.
Socio-esthéticienne, elle n'est pas médecin mais elle soigne.
«Pour une fois qu’on me prend par la main pour autre chose que des piqûres... C’est agréable ! Ça fait du bien ! » Cette réflexion, Magali Bourgy l’entend régulièrement. Cela la conforte dans l’utilité de son métier. Elle est la seule socio-esthéticienne de la Nièvre.
Magali Bourgy
Ce n’est pas parce qu’on est malade qu’il ne faut pas prendre soin de soi.
Socio-esthéticienne, elle n'est pas médecin mais elle soigne.
«Pour une fois qu’on me prend par la main pour autre chose que des piqûres... C’est agréable ! Ça fait du bien ! » Cette réflexion, Magali Bourgy l’entend régulièrement. Cela la conforte dans l’utilité de son métier. Elle est la seule socio-esthéticienne de la Nièvre.
Embauchée par la Ligue contre le cancer, la jeune femme intervient à domicile, au centre hospitalier de Nevers, ainsi qu’à la polyclinique du Val de Loire, en oncologie. Un jeudi par semaine, elle se déplace d’un établissement à l’autre. « Au cas par cas. » Dans tout le département.
Le fondement même de la socio-esthétique repose sur ce postulat : « C’est un véritable outil complémentaire de la prise en charge globale de la personne. » Cela suppose écoute et bienveillance, une dose d’empathie et d’altruisme raisonnable, une expérience et une pratique professionnelle, une certaine sensibilité, de la psychologie. Une socio-esthéticienne, ce n’est pas un tube de rouge à lèvres (même si le poser à portée de main d’une patiente peut être opportun), mais un crayon pour dessiner (ou apprendre à le faire) les sourcils disparus à cause d’une chimiothérapie. Tondre les cheveux éparses si le patient le demande, atténuer l’effet des cils envolés, donner des conseils, oser reprendre un miroir et donner à voir son reflet, l’accepter. Un trait d’union entre esthétique et estime de soi.
Le regard est primordial. L’échange entre quatre yeux, la confiance qui s’installe entre deux mains qui s’effleurent. « Le passage devant le miroir est délicat pour un malade. Voire insurmontable. Je suis là pour les amener à reprendre contact en douceur avec leur corps, souvent meurtri. »
Magali n’a pas toujours une blouse blanche. La sienne est aussi rose ou marron. C’est selon. Pour ses patients, elle n’appartient pas au monde médical, mais elle les soigne. Autrement. En tout cas, elle prend soin d’elles et d’eux.
Les pieds et les mains des personnes atteintes du cancer sont souvent meurtris. Sécheresse cutanée, sensibilité particulière, thermique. Pour apporter du mieux-être, Magali masse doucement ces zones, les hydrate, les bichonne. Réconciliant parfois ses petits protégés avec un corps malmené, douloureux, déformé en cours de traitement.
Texte Eve Pousson
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| | Sud-Ouest (suppl.) - Octobre 2014Véronique Lavigne, socio-esthéticienne militante Femmes atteintes de cancer, détenues, victimes de violences conjugales Autant
de circonstances où la féminité est mise à mal. Véronique Lavigne, socio-esthéticienne,
à Bordeaux, apporte des outils pour aider des femmes à réapprendre à Véronique Lavigne, socio-esthéticienne militanteFemmes atteintes de cancer, détenues, victimes de violences conjugales... Autant
de circonstances où la féminité est mise à mal. Véronique Lavigne, socio-esthéticienne,
à Bordeaux, apporte des outils pour aider des femmes à réapprendre à s'aimer
« Sérénité. C'est ce que je ressens. Zen. Apaisée. Nettoyée en profondeur. » Au fur et à mesure du massage, les traits du visage de Sandra se sont transfigurés. Pendant la pose du masque qui a suivi, les éclats de rire ont fusé, en se regardant les unes les autres, le visage plâtré. Des verres de tisane circulent. Et ça papote. De tout et de rien. Des astuces beauté comme on s'en échange entre copines. Sauf qu'ici elles sont orientées en fonction de ce dont on dispose en cellule. Pas de produits alcoolisés. Et pas forcément beaucoup de moyens pour cantiner. « Des sachets de thé usagés pour les bains de pieds, de la banane écrasée, ou une compote de pommes pour un masque, de l'huile végétale pour les massages... n y a plein de recettes accessibles ici ! »
Tous les lundis matin, Véronique a rendez-vous au quartier des femmes du centre pénitentiaire de Gradignan en Gironde. Pendant deux heures, elle délivre conseils et soins de beauté à six détenues volontaires. Véronique est socioesthéticienne. Formée pour prodiguer des soins de bien-être, médiatrice de santé et d'insertion. Un choix professionnel après avoir exercé une dizaine d'années en institut de beauté. « Mon métier d'esthéticienne acquis, cela m'a permis de privilégier la relation humaine, le non-verbal, par le biais du toucher. Communiquer autrement, recueillir les confidences, éventuellement orienter vers des professionnels en fonction des demandes, car mon intervention s'inscrit toujours dans un travail interdisciplinaire. »
Un sas de décompression
Madonna en fond sonore, l'atelier se poursuit. Les massages du visage se font en face à face, entre détenues.« N'oubliez pas les trapèzes. Stressées, on se crispe. Pareil au niveau des cervicales ou des muscles de la mâchoire», « Comme ça?», « Oui. L'important est de les faire toujours en remontant pour bien lifter les traits. » Entre elles, les détenues parlent de la vie dehors, de la famille, du compagnon.
Parfois une ombre passe comme quand l'une d'entre elles revient sur une nouvelle apprise deux jours avant sa sortie : « Trois mois de plus. Ils viennent de tomber. »
Emprisonnées. Condamnées ou en attente d'un jugement. Entre parenthèses. «Mais pendant l'atelier, il y a des moments où elles peuvent ne plus se croire ici. Souffler. Oublier. Parce que, une fois en cellule, on ressasse», explique le cadre de santé de l'Ucsa (unité de consultation et soins ambulatoires) du CHU de Bordeaux, qui travaille avec la socio-esthéticienne.
À l'issue du soin, c'est comme si elles avaient posé leurs valises et repartaient allégées.
« Intervenir en établissement pénitentiaire était important pour moi», précise Véronique Lavigne. « J'étais préoccupée de la condition des femmes en univers carcéral. L'accès aux produits de soin et d'hygiène est très limité. Les aspects dégradants sur la féminité m'inquiétaient, et il y a aussi la question de la réinsertion, qui se pose très vite en maison d'arrêt. Comment les accompagner à améliorer leur aspect pour à terme se réinsérer socialement et professionnellement? » Véronique rappelle sans cesse les notions d'hygiène: « Mon métier permet d'aborder ces questions sans les culpabiliser. Et un maquillage est toujours accompagné d'un démaquillage parce qu'elles doivent pouvoir se regarder maquillées et démaquillées. » Un maquillage qui pourra aussi leur permettre de paraître à leur avantage dans les parloirs ou lors des confrontations.
Reconstruction
« Depuis longtemps, on ne m'avait pas touchée avec bienveillance, sans rien exiger en retour... J'avais arrêté de penser à moi. Véronique prend du temps. S'adapte. Si j'ai besoin de parler, elle sait recevoir... Le fait de venir m'a encouragé à m'occuper de moi: mettre de la crème, du vernis. C'est un moyen de me réapproprier mon corps », confie Alma, 30 ans.
« Un moment pour moi. Ce moment-là, je ne l'avais plus depuis quatre ans... Elle nous fait nous sentir femme. On se sent à nouveau quelqu'un alors qu'on était devenu un objet... Jusque-là, prendre un temps pour moi, je m'en fichais. Ma peau se faisait tellement maltraiter
toute la journée », indique Patricia, 24 ans. Toutes les deux vivent provisoirement dans un lieu tenu secret à l'écart d'un conjoint violent. Tentant de se reconstruire.
« Dans le centre où elles sont accueillies, en attendant de trouver une solution, les femmes victimes de violences conjugales ont une image d'elles-mêmes extrêmement dégradée. Certaines sont introverties, ont du mal à verbaliser. » En partenariat avec l'Apafed (Association pour l'accueil des femmes en difficulté), Véronique Lavigne mène des ateliers pour des femmes chez qui la féminité est oubliée. Elle les reçoit à la Maison du bien-être, un lieu créé pour les personnes fragilisées. Comme ces patientes en cancérologie qui peuvent bénéficier de soins esthétiques, ou des services d'une coiffeuse prothésiste, d'une diététicienne ou encore d'une conseillère en image.
« Prendre soin de soi, c'est un début pour aller vers une reconstruction », estime Véronique Lavigne. « La peau est un miroir des émotions. Dans la précarité,dans des situations de stress, les peaux des femmes réagissent sous différentes formes : le soin participe à apaiser la personne. Même s'il n'empêche pas l'éruption, la réaction cutanée, cela apaise. »
"J'ai appris à établir, à l'image des relations dans l'univers carcéral, une sorte de rapport de force".
Une juste distance
Se réapproprier son corps, éviter le repli sur soi. Tout cela passe par un toucher sensible, une écoute, et un professionnalisme sans faille. « Ne pas être dans la plainte, mais voir, au-delà de ce pourquoi elles sont ici. Parler de femme à femme. Je ne suis pas dans le jugement et ne m'attache qu'à la femme qui est en face de moi. Pas question d'être dans l'angélisme. Je suis pragmatique, terre à terre et je travaille sur l'image de soi, la confiance en soi, la féminité, l'hygiène. Si nécessaire, j'ai appris à établir, à l'image des relations dans l'univers carcéral, une sorte de rapport de force, à recadrer. Ma formation m'a enseigné un volet psychiatrique : adapter nos réactions à différentes problématiques. » Apprendre à évacuer aussi, une faculté primordiale pour être disponible à l'autre. « Que ce soit en cancérologie, en maison d'arrêt ou auprès des femmes victimes de violences conjugales, il faut savoir prendre du recul. D'où la nécessité d'une formation spécifique car on est très proches de ces femmes, on recueille leurs confidences. »
Des actions qui lui demandent aussi de solliciter des fondations pour soutenir un travail qui ne reçoit que de sporadiques aides des institutions comme la Fondation M6 ou L'‘Oréal. Les marques de cosmétiques, participent aussi à leur approvisionnement en produits de soins et de maquillage. Une autre facette du métier, qu'elle n'avait pas forcément apprise lors de sa formation !
Dans le cadre d'un projet avec les détenues de la maison d'arrêt de Gradignan sur l'estime de soi, le rapport au corps et la féminité, un défilé de mode dont les détenues seront les mannequins et une exposition sont prévus dans la maison d'arrêt le 8 mars 2015.
Maison du bien-être
Centre de santé mutualiste
45, cours du Maréchal-Gallieni, à Bordeaux, 06 67 60 92 22 instantdebeaute.blogspot.com
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