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DANS LES MÉDIAS
| | Lyonne - 21 Février 2015Les élèves de la Maison familiale s'initient à la socio-esthétique La socio-esthétique aide à prendre soin de soi et passe par l'écoute, le toucher
Communément pratiquée en cancérologie ou auprès des jeunes enfants brûlés, la socio-esthétique s'adresse à tous les publics fragiles, en besoin de réparation Les élèves de la Maison familiale s'initient à la socio-esthétiqueLa socio-esthétique aide à prendre soin de soi et passe par l'écoute, le toucher...
Communément pratiquée en cancérologie ou auprès des jeunes enfants brûlés, la socio-esthétique s'adresse à tous les publics fragiles, en besoin de réparation personnelle.
Les élèves de terminale de la Maison familiale rurale de Champeaux ont été initiés à cette pratique, avec l'objectif que cette activité fasse l'objet d'un module à part entière de la formation, dès septembre prochain. « Nous avons fait venir une professionnelle, précise Adrien Bonfillou, moniteur à l'origine de cette animation, dans le cadre de son projet pédagogique.
Les élèves étaient enchantés. Les personnes fragiles apprennent à prendre soin d'elles par des petits massages et du soin esthétique, ce qui les aide à retrouver l'estime de soi. La prochaine étape sera d'évaluer en milieu professionnel si les structures de stage sont partantes et si l'on va plus loin en lançant le module dans la formation. » S'il est mis en place, le module de socio-esthétique sera animé par une professionnelle et se déroulera sur les niveaux première et terminale.
À noter que la Maison familiale conduira une journée portes ouvertes le samedi 14 mars. Renseignements sur www.mfr89.info\toucy
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| | Journal interne d'Ikambere - Janvier 2015La beauté comme remède Tous les jeudis après-midi, l’une des salles d’Ikambere se transforme en salon de beauté. Sourire chaleureux, maquillage subtil, Sandrine Weber, socio-esthéticienne, accueille les femmes qui le souhaitent pour une parenthèse dédiée à leur La beauté comme remèdeTous les jeudis après-midi, l’une des salles d’Ikambere se transforme en salon de beauté. Sourire chaleureux, maquillage subtil, Sandrine Weber, socio-esthéticienne, accueille les femmes qui le souhaitent pour une parenthèse dédiée à leur image... mais aussi au partage. Qu’est-ce qui vous a amenée àIkambere ?Je suis esthéticienne depuis 2002 mais ces cinq dernières années, j’étais responsable d’une équipe de 10 personnes dans un spa luxueux du XVIème arrondissement de Paris. À force de m’occuper de management et de gestion financière, j’étais moins en relation avec les clients. Mon choix premier de prendre soin de l’autre perdait de son sens. Je me suis remise en question. Grâce à un bilan de compétence, j’ai découvert le métier de la socio-esthétique. Je me suis formée pour obtenir le seul diplôme reconnu par l’Etat et j’ai été amenée tout de suite à travailler dans différentes structures : maison d’arrêt, milieu hospitalier... En cancérologie par exemple, les traitements de radio ou de chimiothérapie affectent beaucoup le corps et l’image de soi s’il y a eu une ablation par exemple. Quand j’ai vu l’annonce d’Ikambere, je me suis dit : « C’est formidable ! Je vais rencontrer des personnes qui ont besoin de tout ce que je peux apporter : estime de soi, confiance en soi, image positive, temps pour être ensemble et partager... ». Et j’ai eu la chance d’être prise !
En quoi la socio-esthétique est-elle importante pour les femmes d’Ikambere ?
Nous vivons dans un monde où le visuel est devenu primordial, et lorsqu’on est affecté par la maladie, par les accidents de vie, l’image de soi est particulièrement altérée. Il est important d’avoir une personne référente qui s’adapte à votre problématique. Chez Ikambere, je propose des recettes de beauté (crèmes, soins) qui ne demandent pas beaucoup de moyens financiers... Je fais aussi rêver les femmes par exemple avec des vernis de toutes les couleurs... Je m’efforce de répondre à leurs problèmes spécifiques car leurs ongles, leur peau, leur corps se modifient du fait de la maladie.
Comment sont structurés les ateliers ? Au début du mois, j’imprime les différents thèmes qui seront successivement abordés. Les participantes peuvent ainsi s’inscrire si ça les intéresse. Je propose chaque mois un atelier pour les mains, un pour le visage, un pour le maquillage. Après, je peux faire les pieds, bientôt le conseil en image, le travail sur les couleurs, le vêtement... Il y a des thèmes récurrents, mais les recettes de soin sont toujours différentes afin que celles qui viennent régulièrement trouvent toujours de la nouveauté.
L’atelier d’esthétique s’avère également un espace de parole...
Oui, pour moi l’esthétique est un outil qui permet d’entrer en lien avec l’autre. Je veux aller au-delà des produits et du bien-être pour créer de l’échange, des rencontres, susciter du soutien. On prend soin de sa peau, mais il s’agit aussi de prendre soin de son esprit et d’apporter un mieux-être. Je suis sensible à ça car j’ai eu une formation où je faisais beaucoup de massage. Une personne qui reçoit un massage doit être mise en condition d’accepter le toucher de mains étrangères. Grâce au ateliers, on aborde des sujets qui semblent anodins à l’extérieur (savoir par exemple que faire quand les ongles cassent) et qui, dans l’atelier, sont pris au sérieux et amènent à parler des choses essentielles. J’essaie d’instaurer l’idée d’un lâcher prise pour que les femmes parviennent à chasser les pensées négatives pour être présentes à l’instant T. Vivre le moment présent sans trop penser au passé ou s’inquiéter du futur.
Mesurez-vous les effets des séances ? Oui, je vois le groupe évoluer. Certaines femmes étaient très méfiantes au début et ne voulaient pas participer avant de finalement franchir le pas. Je vois que certaines se maquillent plus, sont plus coquettes. Des affinités se sont créées, des liens se sont tissés autour de l’atelier. Je vois aussi le bien-être des femmes après l’atelier de groupe, lorsque j’ai des rendez-vous individuels pour les massages. Au delà de la séance de 14 à 16h, je suis présente le jeudi jusqu’à 18h pour dispenser ces soins-là. Nous avançons ensemble.
Comment définissez-vous la beauté ? Ah, c’est une question piège ! Plus sérieusement, je dirai que c’est savoir mettre en valeur extérieurement ce qu’on a à l’intérieur, être en équilibre avec soi-même afin que la beauté extérieure et la beauté intérieure ne fassent qu’une.
Atelier d’esthétique : tous les jeudis, 14-16h (en groupe), puis soins en rendez-vous individuels jusqu’à 18h
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| | CHU Réseau - Février 2015Esthétique du bien être à l'hôpital d'enfants de Nancy La première chose qui se remarque chez Laura c’est son sourire. Rayonnant. Puis sa douceur. Enveloppante. Tout chez cette jeune femme de 28 ans est calme et sérénité. Ce n’est pas qu’une image. Esthétique du bien être à l'hôpital d'enfants de NancyLa première chose qui se remarque chez Laura c’est son sourire. Rayonnant. Puis sa douceur. Enveloppante. Tout chez cette jeune femme de 28 ans est calme et sérénité. Ce n’est pas qu’une image. Esthétique du bien être à l’hôpital d’enfants de Nancy
CHU Nancy Lundi 02 février 2015
De ses qualités, elle tire l’énergie nécessaire pour soulager, dans son quotidien professionnel, la vulnérabilité, la fatigue et le repli. Laura Lamy est socio esthéticienne : elle intervient auprès de publics « souffrants et fragilisés par une atteinte à leur intégrité physique, psychique ou en détresse sociale ». Grâce à la Ligue contre la Cancer 54, elle est présente une fois par semaine à l’hôpital d’enfants, au CHRU de Nancy, dans le service d’onco pédiatrie dirigé par le Pr Pascal Chastagner. Les mains de Laura apaisent, réconfortent, détendent les jeunes patients, soumis à de lourds traitements, qu’elle réconcilie avec leur corps et leur image.
C’est un métier à part entière. La socio esthétique, dont la reconnaissance est encore trop discrète dans les établissements de santé en France, est une nouvelle discipline qui relève d’une formation spécialisée comme celle qu’a suivie Laura Lamy. Forte de ses CAP et BP d’esthétique-cosmétique, et après avoir exercé plusieurs années en institut de beauté, elle a suivi les cours du CODES (Cours D’ESthétique à option humanitaire et sociale) dispensé à Tours. Un centre de formation unique en France qui rassemble dans un partenariat original le CHRU, l’Hôpital St Maurice, la Région Centre et L’Oréal Luxe. La formation prépare au travail en milieu hospitalier et social, à la gestion de la relation avec les patients, leur entourage, les professionnels et enfin à la connaissance des pathologies physiques et psychologiques de ces publics particuliers. Autant de compétences débouchant sur un titre reconnu par l’Etat et permettant de compléter les prises en charge classiques.
Grâce à la Ligue contre le cancer de Meurthe-et-Moselle, qui œuvre en faveur de la promotion tous les soins de supports, Laura Lamy intervient depuis près de 6 mois auprès des enfants et des adolescents accueillis au CHRU de Nancy. Elle vient tous les mardis aux rendez-vous calés par l’éducatrice avec les enfants (de 2 ans et demi à 17 ans) ou/et avec leurs parents. « Pour entrer en contact avec les plus petits, je leur explique que je vais leur appliquer de la crème et que je vais les masser pour se relaxer » raconte la jeune femme « C’est sûr que par les mots ce n’est pas évident à comprendre mais je suis aidée aussi par les soignants. »
Cette activité de contact physique et de grande proximité, voire d’intimité, implique que ceux à qui elle est destinée soient tactiles, ce qui n’est pas forcément le cas. C’est pourquoi aucun soin esthétique n’est fait sans l’accord de l’enfant, et ce, même si les professionnels de santé et les parents jugent que ce serait nécessaire. Laura informe le patient sur ce qui est possible et il choisit : du modelage (visage et corps), aux soins des ongles souvent endommagés par les traitements (mise en beauté et parfois vernis) en passant par le maquillage en cas de perte de sourcils et de cils. « Suivant le degré d’isolement de l’enfant (aplasie) je module mon équipement (chariot, produits, etc.) et j’utilise des doses d’essai désinfectées ou des produits spécifiques achetés grâce au soutien de l’association lorraine « Nicolas Morge – un sens à la vie ». J’ai listé ces produits et cette liste est validée par les médecins du service. »
La socio esthéticienne intervient en hospitalisation et en hôpital de jour. Le rituel est immuable : adaptation aux souhaits de l’enfant (musique relaxante ou télévision) et durée variable du rendez-vous (une demi-heure et au-delà). Tout dépend de l’état des jeunes patients : ils ferment rapidement les yeux, se détendent, se reposent et certains s’assoupissent. D’autres parlent et parfois se confient car les modelages permettent le «lâcher prise » d’où les qualités d’écoute nécessaires. « Après chacune de mes visites, je remplis une fiche bilan où je mentionne le soin donné, les produits utilisés, je décris la séance en détails. » explique Laura Lamy « Je notifie aussi les observations que j’ai faites par rapport à l’état de la peau des patients qui est très réactive aux traitements. Cette fiche est glissée dans leur dossier médical. »
Totalement intégrée dans l’équipe du service d’oncopédiatrie, la jeune femme - salariée de l’association, « Image de soi » dont la mission est de faciliter l’exercice de la profession de socio esthéticienne dans le Nord Est de la France- intervient aussi dans d’autres établissements nancéiens avec des publics handicapés ou de grand âge. A contre-courant des pratiques mercantiles de l’esthétique, elle assume son choix sans sensiblerie : « Lorsque je travaillais en institut, j’ai remarqué que le soin esthétique n’était pas que futile. Il fait du bien aux personnes en bonne santé. Je me suis dit donc que cela pourrait être profitable pour les personnes malades, affaiblies. La socio esthétique a une dimension service public. J’ai trouvé ma vocation. »
Auteur Laurence Verger, Responsable communication Recherche & culture CHRU de Nancy
Contacts Association « Image de Soi » : image.desoi@yahoo.fr Comité de Meurthe-et-Moselle de la Ligue contre le cancer : 03 83 53 14 14 / cd54@ligue-cancer.net
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| | Hygiène Plus - Février 2015Socio-esthétique : des soins pour les plus démunis Les soins de beauté se diversifient avec le développement récent de la socio-esthétique. En pratique, la socio-esthétique se différencie des soins de beauté traditionnels par le bagage émotionnel que les esthéticiennes doivent prendre en charge. Socio-esthétique : des soins pour les plus démunisLes soins de beauté se diversifient avec le développement récent de la socio-esthétique. En pratique, la socio-esthétique se différencie des soins de beauté traditionnels par le bagage émotionnel que les esthéticiennes doivent prendre en charge. Socio-esthétique : des soins pour les plus démunis
Les professionnels de l’aide médicale et sociale s’accordent à reconnaître la nécessité de faire appel à des professionnels de la socio-esthétique pour assurer une prise en charge globale des personnes et permettre une véritable interdisciplinarité.
Les objectifs de la socio-esthétique
La socio-esthétique s’adresse à un public différent de celui qui a l’habitude de fréquenter les instituts de beauté traditionnels. Le public de la socio-esthétique se compose essentiellement de personnes fragilisées par la maladie, la vieillesse ou par une détresse sociale comme le chômage, les accidents de la vie ou de la route, la détention, etc. L’objectif de ces socio-esthéticiennes est d’aider ces personnes à retrouver leur intégrité physique et psychologique, de les accompagner dans la réinsertion professionnelle, ou de les aider à garder des cheveux sains et propres malgré l’âge, la maladie ou la situation sociale… C’est autant de raisons pour lesquelles prendre soin de soi, de sa chevelure avec la socio-coiffure et de sa peau avec la socio-esthétique. Et c’est bien pour cela que sont formés les socio-coiffeurs et les socio-esthéticiennes.
L’objectif de la socio-esthétique est de préparer les professionnels à l’approche psychologique de la personne souffrante, tant dans son corps que dans sa vie sociale, afin de lui apporter une relation d’aide adaptée et un soin technique compétent. La socio-esthétique met les professionnels dans des situations inhabituelles auxquelles il faut être formé(e).
Les actions en socio-esthétique
Aujourd’hui, peu de formations à vocation sociale sont proposées en France aux professionnels des soins esthétique. Complémentaires aux compétences professionnelles préalablement acquises, les candidats doivent être titulaires d’un CAP ou d’un BP d’esthétique-cosmétique pour être éligibles à ces formations.
En socio-esthétique, les soins de beauté sont dispensés au domicile des personnes fragilisées ou atteintes par la maladie mais également, dans des centres d’accueil ou dans les centres hospitaliers. D’ailleurs, convaincue de cette aide aux personnes fragilisée, la Ligue contre le cancer soutien ces actions de socio-esthétique en France.
Tours, ville de la socio-beauté
Différentes actions sont menées sur le terrain pour le développement de la socio-esthétique en France. Depuis 1978, le Cours d’Esthétique à option Humanitaire et Sociale (CODES) est le centre de formation Socio-Esthétique à Tours. Cette association est présidée par le Professeur Olivier Le Floch, cancérologue.
Et très prochainement, une école de socio-coiffure va ouvrir ses portes également à Tours. Cette dernière découle logiquement de l’action des salons Joséphine, créés à l’initiative de Lucia IRACI, coiffeuse de renom à Paris et bénéficiant d’une forte médiatisation.
Les actions des Restos du Coeur
Dans le cadre de leurs actions, les Restos du Coeur proposent des ateliers de coiffure et d’esthétique dans les centres le permettant. Animés par des bénévoles et destinés à un public ne pouvant s’offrir ce type de services dans des salons de coiffure ou des instituts de beauté traditionnels, ces ateliers ont pour mission d’apporter un retour à l’estime de soi. Dans une démarche qualitative des services de coiffure dispensés, Hygiène Plus accompagne les Restos du Coeur en formant les bénévoles aux principes d’hygiène pour mieux se protéger et protéger les autres.
Pour continuer ces actions vers les plus démunis, les Restos du Coeur sont en permanence à la recherche de coiffeurs et d’esthéticiennes bénévoles. Pour plus de renseignements, contactez l’antenne départementale des Restos du Coeur la plus proche de chez vous.
Contacts
CODES-Socio-Esthétique CHRU de Tours – 2 boulevard Tonnellé – 37044 Tours cedex 9 – Tél. : 02 47 47 47 47 Site : www.socio-esthetique.fr – Email : contact@se-codes.fr
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| | L'infirmière Magazine - n°357 - Février 2015La socio-esthétique, une pratique sur-mesure Souvent sensibilisé par la maladie et ses traitements, le corps est au cœur de la prise en charge esthétique proposée par le service d’oncologie de l’hôpital Louis Mourier (AP-HP). Une démarche qui contribue au travail infirmier. La socio-esthétique, une pratique sur-mesureSouvent sensibilisé par la maladie et ses traitements, le corps est au cœur de la prise en charge esthétique proposée par le service d’oncologie de l’hôpital Louis Mourier (AP-HP). Une démarche qui contribue au travail infirmier. LA SOCIO-ESTHÉTIQUE, UNE PRATIQUE SUR-MESURE
Souvent sensibilisé par la maladie et ses traitements, le corps est au cœur de la prise en charge esthétique proposée par le service d’oncologie de l’hôpital Louis Mourier (AP-HP). Une démarche qui contribue au travail infirmier.
Pour pratiquer, une socio-esthéticienne doit être diplômée par un titre reconnu par l’État et doit avoir suivi une formation complète lui permettant d’intervenir auprès de personnes fragilisées. «Après trois ans d’expérience en tant qu’esthéticienne, je me suis formée à la socio-esthétique au CODES (Cours d'Esthétique à Option Humanitaire et Sociale). Durant 8 mois, j'ai suivi la formation dispensée par des professionnels de terrain, au sein du CHRU de Tours, mêlant cours théoriques et stages pratiques dans les secteurs sanitaires, du médico-social ou du social", explique Morgane Bauvais-Ghislain. L’évolution de la maladie cancéreuse entraîne souventdes perturbations de l’estime de soi liées aux multiples changements physiques tels que la pertedes cheveux, des cils, des sourcils,l’altération de la peau ou l’amaigrissement. À l’hôpital Louis Mourier(Hauts-de-Seine), l’accompagnement des personnes fragiliséespasse aussi par la socio-esthétique,une démarche visant à proposerune prise en charge esthétique personnalisée, conjointement aux traitements spécifiques. Destinés tantaux hommes qu’aux femmes, cessoins offrent aux patients un lieud’évasion à travers un toucher nonmédicalisé qui devient vecteurd’apaisement, de détente et, souvent, de communication.
MORGANE BAUVAIS-GHISLAIN - SOCIO-ESTHÉTICIENNE
La socio-esthétique est la pratique professionnelle de soins esthétiques adaptés à une population fragilisée par une atteinte à son intégrité physique (maladie, accident, vieillesse), psychique (maladie mentale, addiction) ou en détresse sociale (précarité, détention). Ces séances permettent auxpatients de reprendre contact avec leur corps, devenu un lieu de soins médicaux, d’examens et de traitements. L’approche sensorielle apportée par la socio-esthétique les amène donc à réinvestir autrement leur corps, et non plus uniquement en tant qu’objet de souffrance ou de maladie.
La peau a une fonction sensorielle.Elle permet un échange avec lemonde extérieur et amène à parlerde soi, même inconsciemment. L’atteinte portée à leur peau et àleur corps, induite par la maladieet les traitements médicaux, amènesouvent les patients à se replier sureux-mêmes, jusqu’à ne plus oser seregarder dans un miroir. Il est doncessentiel de créer un espace adaptéafin de leur procurer une forme de bien-être, de douceur, de confort etde réconfort. Différents soins peuvent être proposés aux patients en fonction de ce qu’ils souhaitent recevoir. Il est important de leur laisser le choix afin qu’ils puissent exprimer leurs désirs et leurs attentes. Pour certains, les séances peuvent être l’occasion d’un vrai lâcher-prise et de détente. Pour d’autres, c’est un espace qui les amène à parler de sujets plus intimes, qu’ils n’osent souvent pas aborder avec leurs proches. Ou tout simplement pour discuterd’autre chose que de la maladie.
Conseils et prévention
Les soins des mains sont souvent proposés en première intention car c’est un moyen de se mettre en lien avec les patients et de créer un climat de confiance. C’est aussi par ce biais que la socio-esthéticienne peut donner des conseils en prévention de l’altération des ongles et de la peau. Les soins du visage et les séances de maquillage favorisent un meilleur confort cutané et aident au réinvestissement de l’image corporelle. Les soins ducorps – modelage du dos, desjambes, soins des pieds – permettent de soulager les patients de certaines douleurs corporelles.Ces pratiques les aident à retrouver des sensations agréables et de renouer avec des sensations de plaisir. Il m’arrive aussi de conseiller les patientes dans le choix des perruques et des couleurs, afin de susciter chez elles l’envie de reprendre soin de leur corps.
Ces soins de confort sont souven tvécus comme un vecteur d’apaisement qui favorise une image de soi positive. La séance est un temps d’écoute privilégié où le patient parle de son rapport à son corps,des effets de la maladie et des traitements.
Expression d’un mal-être
J’ai suivi Mme M. durant plusieurs mois et nous avons pu constater qu’elle s’est rapidement saisie de ces rendez-vous. Dès les premières séances, elle s’est confiée sur sa crainte de partir et de laisser ses enfants. Les soins du visage et le maquillage l’ont aidée à exprimer les difficultés rencontrées. Elle avait notamment du mal à accepter les difficultés liées à son intimité et la perte d’autonomie. C’était une dame très coquette mais, avec sa maladie, elle ne se préoccupait plus de son apparence. Les soins de socio-esthétique lui ont ainsi permis de renouer avec sa féminité.
Elle a, par exemple, demandé à ses proches de lui ramener ses crayons de maquillage et les utilisait désormais le matin après sa toilette. Quant aux modelages des mains, ils lui ont été bénéfiques car elle a pu retrouver des sensations jusqu’ici oubliées.
En touchant à la notion du corps et de sa vulnérabilité, la socioesthétique permet d’accéder à l’intimité des patients, qui profitent du soin pour partager leurs angoisses ou leurs craintes. À la fin de chaque séance, je prépare un travail de transmission dans le dossier des patients afin de laisser une trace écrite. Je fais également un bilan auprès des équipes pour amorcer un travail de réflexion sur une prise en charge plus adaptée. Le dialogue qui s’instaure entre les infirmières et les socio-esthéticiennes permet de verbaliser les difficultés de l’accompagnement.Ce lien apporte une plus grande cohésion et permet d’assurer la transmission des soins pour un meilleur suivi des patients.
MICHELLE NOGUES - INFIRMIÈRE
Du fait de la situation géographique de l’hôpital Louis Mourier, notre équipe mobile d’accompagnement et de soins palliatifs intervient auprès de personnes malades qui sont souvent en grande précarité sociale et familiale. Outre la gestion des symptômes et la prise en charge psychologique,nous veillons aussi au bien-être des patients.Après plusieurs années de réflexion et grâce à la collaboration de l’association La Ligue contre le cancer, nous avons pu mettre en place une vacation de socio-esthéticienne.Cela a nécessité, en amont, un travail d’information auprès des soignants sur la spécificité de son travail et les bénéfices attendus. Morgane a rejoint l’équipe mobile depuis dix mois, à raison d’une vacation de six heures tous les quinze jours. Elle intervient auprès de certains patients sur notre indication et après concertation avec les soignants référents dans les services d’oncologie (hospitalisation classique et hôpital de jour).
Les soins prodigués par les socio-esthéticiennes soulagent les douleurs des patients et leur permettent de renouer avec la sensation de plaisir.
En service hospitalier, la technicité de la prise en charge oncologique–les examens, les traitements, etc.peut entraîner une altération de la relation soignant-soigné, une prise en charge morcelée et non individualisée. Les soins socio-esthétiques replacent le patient au cœur de sa prise en charge, l’aident à se détendre tout en l’amenant à exprimer toutes les difficultés rencontrées face à la aussi un contact non médical avec le patient et facilite l’émergence de difficultés non diagnostiquées,contribuant ainsi à notre travail infirmier. Ces soins se sont également intégrés dans les traitements de support, plus particulièrementen hôpital de jour pour les patientsdébutant le traitement chimiothé-rapique.
La technicité de la prise en charge peut aussi entraîner un cloisonnement des soignants qui aboutit à un manque d’échange entre les médecins, les infirmières et les aides-soignantes. Après quelques mois, les soignants prennent une part active dans l’orientation des patients susceptibles de pouvoir bénéficier d’un soin socio-esthétique. La fonction de l’aide-soignante axée sur le soin du corps se trouve valorisée. Sa parole est prise en compte, ce qui n’est pas toujours le cas dans la technicité des soins. La socio-esthéticienne est considérée comme une partenaire à part entière.
Une plus-value au travail infirmier
Les soins socio-esthétiques ont également eu un impact sur notre mode d’intervention. En effet, les infirmières des équipes mobiles de soins palliatifs ne soignent pas directement les patients mais contribuent à leur prise en charge en dispensant conseils et formation. Ce rôle peut parfois être mal perçu par les soignants directs, qui peuvent se sentir jugés. Cette pratique, basée sur le soin du corps et le bien-être, a permis de créer une nouvelle dynamique dans les liens entre les infirmières de l’équipe mobile et les soignants prenant en charge ces patientes.
Dans le cas de Mme M., nous avons pu observer plusieurs améliorations : un réinvestissement de son image corporelle par le maquillage, un apaisement et un confort à travers les modelages corporels, une diminution des sensations de fourmillements dans les mains et un confort cutané au niveau du visage. Par ailleurs, ces soins ont permis l’instauration d’un dialogue entre les membres de l’équipe soignante, lesquels ont pu verbaliser les difficultés de la prise en charge, notamment émotionnelle.
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